Il y a entre 40 000 et 45 000 ans environ, un groupe d’hommes primitifs migrant depuis l’Afrique, sur le long du couloir de la vallée du Danube, emportait avec eux un objet petit mais important : une flûte.

Taillé dans l’os d’un vautour fauve et percé de cinq trous pour les doigts soigneusement creusés, cet instrument est resté enterré et oublié pendant des dizaines de milliers d’années, jusqu’à ce qu’on le découvre récemment, dans les salles caverneuses de la grotte de Hohle Fels, dans la chaîne de montagne du Jura souabe dans le sud-ouest de l’Allemagne. La découverte met en lumière un détail important concernant la vie de nos ancêtres : lors de leur migration d’Afrique vers l’Europe, il y a 40 000 ans déjà, nos ancêtres faisaient de la musique.

La flûte Hohle Fels, la plus ancienne d’une série de flûtes similaires découvertes dans la région, apporte un éclairage nouveau sur la vie et les innovations culturelles des premiers humains. À partir de la datation au radiocarbone de cet artéfact et d’autres, on a longtemps pensé que la flûte était la plus ancienne forme d’instrument de musique créée par nos lointains ancêtres. Mais, l’incroyable ancienneté de cette flûte de 40 000 ans, nous impose de reconsidérer nombre de notions sur la question de savoir quand les humains ont développé la capacité de modes de pensée et d’expression complexes.

Ancient flute

Jensen/University of Tubingen

En tant que flûtiste et fabricant de flûte, je suis frappé par cette idée que la flûte a été utilisée pour la création musicale à un stade aussi précoce de l’histoire humaine. Pour moi, les indices de leur héritage ancien entretiennent la dimension mystique entourant la famille des instruments à vent, dont les qualités intemporelles de son et d’ambiance peuvent être entendues d’une façon ou d’une autre dans presque tous les coins du monde. À bien des égards, la flûte est aussi universelle que la voix humaine elle-même, ce qui peut expliquer qu’elle attire toutes les cultures : son essence découle d’une chose aussi fondamentale que le vent qui passe à travers les roseaux, mais son pouvoir unique vient du fait que sa voix lui est donnée par le souffle vivant du joueur, l’invoquant pour résonner avec le son. C’est assez magique, quand on y pense : le flûtiste transforme l’élément vital qu’est l’air, en chanson. Cependant, pour le fabricant de flûte des temps anciens, être doté du pouvoir de manipuler des éléments comme l’os, le bois et l’air dans un appareil capable d’une telle magie, devait être un honneur.

Son essence découle d’une chose aussi fondamentale que le vent qui passe à travers les roseaux, mais son pouvoir unique vient du fait que sa voix lui est donnée par le souffle vivant du joueur, l’invoquant pour résonner avec le son.

Contrairement à sa nature rudimentaire, la flûte est tout sauf basique au regard des lois physiques qui lui permettent de fonctionner. Peut-être plus que tout autre instrument, la flûte incarne les propriétés physiques du son : la forme et la conception de la flûte doivent s’adapter aux ondes sonores réelles qui traversent l’air pour produire des notes. Une flûte en action est vraiment une « tempête parfaite » de propriétés physiques complexes qui influencent collectivement le son qui en sortira — et qui déterminent même si un son va en sortir. Même dans les flûtes les plus élémentaires, le rapport entre le diamètre du tube et sa longueur, la forme et les angles de l’évent, et même la taille des trous pour les doigts par rapport à leur emplacement, ne sont que quelques-uns des éléments qui doivent s’aligner correctement afin que la flûte fonctionne. Même si un fabricant de flûte peut parfois « avoir de la chance » et tomber sur d’heureuses coïncidences, reproduire à nouveau ce résultat nécessite davantage que de compter sur le hasard. En bref, l’art et le savoir-faire de la fabrication d’une flûte jouable ne sont pas une affaire simple.

En tant que telle, la découverte de la flûte Hohle Fels devient intéressante dans ce qu’elle laisse supposer de ce qu’était la vie des humains d’il y a 40 000 ans. La présence d’une musique sociale combinée à la capacité de concevoir et de mettre en œuvre un instrument de musique tel que la flûte indique l’existence d’intelligences multiples — une étape clé du développement humain. Cette découverte relance aussi le débat sur la signification d’autres découvertes de cette époque : figurines sculptées, dessins gravés, peintures rupestres, etc. Ces objets étaient-ils vraiment de véritables œuvres d’art destinées à exprimer des idées abstraites, ou simplement des représentations littérales du monde qui les entoure, griffonnés au hasard sur les murs des cavernes ?

Le débat ne sera peut-être jamais complètement terminé, mais il devient de plus en plus clair que les premiers humains se sont efforcés d’instiller dans leur vie quotidienne un sens qui dépassait la simple survie. De plus, en capturant ce rare aperçu du développement de la culture elle-même, nous pouvons constater que les racines évolutives de la musique remontent loin dans notre histoire humaine. Si loin que de nombreux scientifiques pensent maintenant que la musique a joué un rôle crucial dans le développement de l’esprit humain. Cela renforce l’idée que l’intelligence musicale est une caractéristique du cerveau humain, ancrée en nous, et pas simplement un cadeau offert à une poignée d’élus. Tandis que beaucoup de gens conviendraient que la vie sans musique serait désagréable, la vérité est peut-être que nous n’aurions tout simplement pas évolué de la même façon, sans elle. Cela explique pourquoi la musique est vraiment une langue universelle — nous connectant non seulement à travers les cultures, mais également à travers le temps et l’histoire.


Une chose qui m’a toujours fascinée au sujet de la musique est la façon dont elle peut simultanément faire appel aux dimensions émotionnelle et analytique de notre esprit. D’un côté, le son a la capacité de nous affecter à un niveau très primaire, mais les composants de la musique — fréquence, harmonie, rythme — peuvent également être appréhendés du point de vue des mathématiques et de la physique. Bien que le facteur émotionnel soit ce qui m’ait attiré dans la musique, c’est la dimension analytique qui m’a conduit à la fabrication d’instruments. Un instrument de musique peut être à la fois esthétiquement beau et mathématiquement exact. Ces fonctionnalités ne sont pas mutuellement exclusives. C’est plutôt leur synthèse qui sert le tout. Que l’un améliore l’autre révèle quelque chose sur ce que nous percevons comme beau.

Un instrument de musique peut être à la fois esthétiquement beau et mathématiquement exact. Ces fonctionnalités ne sont pas mutuellement exclusives. C’est plutôt leur synthèse qui sert le tout. Que l’un améliore l’autre révèle quelque chose sur ce que nous percevons comme beau.

La chose intéressante à propos des flûtes, en particulier, est que les mathématiques peuvent être utilisées pour comprendre exactement le son d’une flûte particulière — sans même en jouer. Des mesures spécifiques de nombreuses propriétés physiques, y compris la longueur, le diamètre du tube et la position des trous de la flûte, peuvent nous donner l’échelle de ton qu’elle produirait. De cette manière, nous pouvons examiner notre flûte Hohle Fels, vieille de 40 000 ans, et voir comment elle se comporte face à un examen approfondi : est-ce le travail d’un bricoleur primitif qui a « eu de la chance » ou l’œuvre d’un artisan plus expérimenté ?

Les scientifiques qui ont découvert l’artefact ont entrepris de répondre à cette question. La rétro-conception d’une véritable réplique à partir de mesures exactes du fragile original, a révélé que la flûte Hohle Fels était tout à fait comparable à une flûte moderne. Lorsqu’elle était jouée, elle produisait une gamme pentatonique complète, l’une des gammes les plus courantes au monde, formant la base d’une grande partie de la musique moderne. En effet, cette flûte trouvée dans une grotte et remontant à l’âge de glace aurait été techniquement capable de jouer de la musique contemporaine.

Nous pouvons en déduire que la flûte trouvée dans la grotte Hohle Fels n’était pas unique. Une inspection minutieuse de l’artefact montre que de petites lignes ont d’abord été gravées dans la flûte, indiquant où « percer » les trous. Cela indique qu’au début, une mesure et une réflexion préalables ont eu lieu pour déterminer l’endroit où les trous devaient être réalisés. De nombreux tâtonnements et le développement de nombreux prototypes ont dû être nécessaires pour apprendre à savoir où placer les trous pour produire un ton précis, peut-être même à partir de connaissances transmises de génération en génération. Nous pourrions même aller plus loin en suggérant que, puisque l’os n’aurait pas été le matériau le plus facile à travailler, même des flûtes antérieures pourraient avoir été fabriquées à partir de différents types de bois — ces objets n’auraient pas survécu à l’épreuve du temps. Jusqu’où remonte donc cette tradition de la fabrication de la flûte ? Je suppose que nous ne le saurons jamais.

Mais il est suffisant de simplement y songer. Si avec notre imagination, nous remontons dans le temps, nous pouvons nous émerveiller devant les étincelles d’ingéniosité et de créativité qui ont conduit aux premiers instruments de musique au monde. On peut s’interroger sur la musique réelle jouée sur ces premières flûtes : à quelles mélodies étaient-elles destinées ? Quel a été l’effet sur les auditeurs alors que leurs chansons résonnaient dans les anciennes salles de concert de grottes à flanc de colline ?

Tandis que l’os et la roche peuvent survivre aux ravages du temps, une chanson ne laisse son empreinte que dans l’esprit de ceux qui en sont témoins. À bien des égards, notre passé reste une énigme : la science ne peut pas retracer avec précision chaque instant de la vie d’un artefact, ceci est laissé à notre imagination.

À bien des égards, notre passé reste une énigme : la science ne peut pas retracer avec précision chaque instant de la vie d’un artefact, ceci est laissé à notre imagination.


Mon intérêt pour les flûtes des peuples autochtones du monde entier a commencé lors de mes voyages en Afrique de l’Ouest, où j’ai eu l’occasion d’étudier le tambin, l’unique flûte à trois trous des peuples Peul et Malinké de Guinée.

Construit à partir d’une vigne ligneuse dont la flûte porte le nom, le tambin — ou flûte foula — tire son origine du peuple Peul, l’un des groupes ethniques les plus dispersés en Afrique et le plus grand groupe pastoral de nomade au monde. Les Peuls vivent aujourd’hui dans toute l’Afrique occidentale et centrale, et une grande partie de leur population est concentrée dans les hauts plateaux du Fouta Djalon en Guinée. La culture peule remonte au moins à l’ère néolithique. La preuve la plus remarquable en est le trésor resplendissant de l’art rupestre découvert dans la chaîne de montagnes du Tassili Al-Ajjer en Algérie, contenant plus de 15 000 gravures uniques datant de 6000 ans av J.-C.

Tassili Desert Algeria

“Tassili Desert Algeria” par magharebia. Licence CC 2.0 de Wikimedia Commons

Au cours d’environ une demi-douzaine de voyages en Guinée, j’ai pu apprendre de plusieurs fulafolas, maîtres de la flûte Peule. En plus d’étudier une grande partie du répertoire du tambin, j’ai appris les techniques de fabrication traditionnelles de cette ancienne flûte par un homme Malinké originaire de la région de Kouroussa en Guinée. Il s’appelait Lancine Conde. Dans un petit village niché dans un méandre du fleuve Niger, je suis devenu le « petit frère » de Lancine. Avec plus de patience que j’en ai souvent mérité, il m’a transmis ses connaissances.

Là, le long du puissant Niger, où le fleuve serpente à travers une campagne basse, la vigne tambin pousse en abondance. La vigne est elle-même ligneuse et creuse, et composée de murs extérieurs robustes, semblables au bambou ou au rotang. Comme je l’ai découvert, il convient bien à la construction de flûtes : son abondance se prête à l’expérimentation et sa conicité naturelle permet de résoudre le problème de la planéité de sa partie supérieure, qui est inhérent aux flûtes cylindriques. L’embouchure et les trous pour les doigts peuvent être facilement gravés dans la vigne sans avoir recours à des outils compliqués. En tant que flûte traversière (à soufflage latéral), le tambin comprend une embouchure aux bords surélevés qui aide grandement à produire la gamme complète de la flûte de 2½ octaves ; l’embouchure est construite à partir d’un type de cire d’abeille noire disponible sur le marché (désigné ailleurs dans le monde par le terme « sérum d’abeille »). Le sérum peut être chauffé et moulé facilement pour répondre aux besoins du joueur. En raison de sa forte teneur en propolis, lorsque le sérum sèche, il durcit et adhère à la vigne.

L’un des plus grands défis de la conception et de la construction des instruments à vents est le placement précis de chaque trou pour les doigts pour produire les notes et l’échelle souhaitées. Le tambin ne fait pas exception à la règle. Les fabricants de flûte traditionnels d’Afrique de l’Ouest tels que Lancine accomplissent cet exploit avec une précision et une régularité surprenantes, sans l’aide d’outils de mesure avancés, d’accordeurs ou de mathématiques. Ces artisans qualifiés se fient beaucoup à leur intuition et n’utilisent souvent que leurs propres doigts comme « instruments de mesure » — sans papier ni stylo, le rapport entre l’instrument et leurs propres bras et doigts est comme enregistré, ce qui permet de conserver des ratios spécifiques dans les efforts futurs. Une vie d’immersion musicale ayant façonné leurs compétences, ils peaufinent la tonalité de leurs instruments à l’oreille jusqu’à ce que la flûte puisse leur rappeler les chansons avec lesquelles ils ont grandi.

Une vie d’immersion musicale ayant façonné leurs compétences, ils peaufinent la tonalité de leurs instruments à l’oreille jusqu’à ce que la flûte puisse leur rappeler les chansons avec lesquelles ils ont grandi.

Les connaissances cumulées acquises par le fabricant de flûte traditionnel au cours d’une vie d’expérimentation et de formation sont impressionnantes. De façon tout aussi fascinante, cependant, les matériaux simples et bruts à partir desquels cet ancien instrument à vent est construit semblent démentir la complexité sous-jacente de la physique qui le constitue. La parure de cuir, de corde et de cauris complète l’esthétique d’un objet qui, né de la terre, porte une signification qui dépasse sa fonction première. Ce n’est pas un jouet pour enfant, entre les mains habiles du fulafola, ces flûtes enchanteresses sont capables des plus subtiles expressions musicales. Que le souffle vivant du joueur réveille les éléments bois et terre pour résonner en chant sacré, donne aux flûtes une place dans le royaume du mystique — à la fois pour ceux qui le jouent et pour ceux qui sont transportés par ses sons.

Fula flutes on a bench in Conakry

Nos flutes tambins à l’atelier de Lanciné, à Conakry, Guinea. photo par D.Kobrenski


De retour à la maison aux Etats-Unis, je voulais voir à quel point il serait possible de produire ma propre flûte tambin. A quel point cela pouvait être compliqué ? Celles-ci étaient, après tout, essentiellement le même type de flûte que les humains fabriquaient en os, en bois et en ivoire depuis des dizaines de milliers d’années, voire plus. Sans Lancine pour me coacher, cependant, j’ai vite compris que j’allais recevoir une leçon d’humilité.

Passionné de bricolage, j’ai décidé de « perfectionner » le processus de fabrication de la flûte pour la rendre plus durable — elle devait survivre au froid extrême des hivers de la Nouvelle-Angleterre — avec du matériel et des outils, m’étant bien sûr, disponibles localement. La nécessité, ainsi que ma propre curiosité naturelle, m’ont poussé à m’éloigner des méthodes et des matériaux de la construction traditionnelle de la flûte en Afrique de l’Ouest et à découvrir ce qui était possible. Les nouveaux matériaux — ayant différents diamètres de tube, d’épaisseur de paroi, etc. — nécessitaient différentes méthodes pour déterminer l’emplacement des trous de tonalité… j’ai donc exploré la littérature disponible sur la science de la construction d’instruments à vent.

Pendant trois ans, j’ai absorbé toutes les informations que je pouvais trouver sur le sujet. En combinant cela avec mes expériences avec Lancine en Afrique de l’Ouest et une connaissance pratique de la construction de ces flûtes, j’ai fabriqué des dizaines de prototypes dans mon atelier du nord du New Hampshire. De nombreuses tentatives infructueuses ont même précédé la première flûte vaguement jouable. Un triste tas de flûtes abandonnées s’est accumulé sous mon établi — mais chaque tentative infructueuse a révélé de nouvelles informations critiques qui m’ont incité à essayer de nouveau, même si ce n’était que pour faire de nouvelles erreurs. De cette manière, le tambin commença lentement à révéler ses secrets — pas tout à la fois, ni même à chaque fois — mais les flûtes que je produisais maintenant commençaient à prendre une caractère sonore plus raffiné et étaient assurément plus agréable à jouer. Avec patience, j’ai trouvé que de subtils changements faisaient de grandes différences. Je me suis efforcé de perfectionner la forme, la taille et les angles de l’embouchure. Les trous pour les doigts grandissaient, puis rapetissaient sur les flûtes suivantes, alors que je tentais de trouver les bonnes proportions.

…mais chaque tentative infructueuse a révélé de nouvelles informations critiques qui m’ont incité à essayer de nouveau, même si ce n’était que pour faire de nouvelles erreurs. De cette manière, le tambin commença lentement à révéler ses secrets…

Sans m’en rendre compte, après des essais et des erreurs répétées, des expériences et des échecs, je vivais un passage initiatique semblable à celui qui donne naissance à un luthier traditionnel d’Afrique de l’Ouest. Avec le temps, je ne copiais plus un modèle de flûte, comme je l’avais déjà fait en tant qu’apprenti dans notre atelier chaud et poussiéreux en Afrique de l’Ouest… mais j’apprenais à en créer un. Ce faisant, j’ai fait une autre découverte inattendue : comment apprendre. C’était le secret le plus important que la flûte m’ait révélé.

Au total, il a fallu plus de trois ans d’efforts concertés, reposant sur des équations mathématiques, des compas et des accordeurs électroniques, pour enfin produire une flûte qui, à mon avis, pouvait rivaliser avec la qualité et la jouabilité des flûtes fabriquées par Lancine, qui utilise toujours uniquement les outils les plus basiques pour créer des instruments d’une qualité sans précédent.


Des découvertes telles que la flûte de Hohle Fels dans le sud-ouest de l’Allemagne nous fournissent des informations précieuses sur notre passé collectif — un élément important pour reconstituer la chronologie de notre histoire commune, l’histoire qui raconte comment nous en sommes arrivés là. De plus, la survie à travers le temps de traditions telles que celles illustrées par l’ancienne flûte des Peuls nous révèle que notre histoire collective est bien un continuum.

Ce qui est intéressant, c’est donc d’explorer ce que ces histoires peuvent nous raconter sur l’esprit de nos ancêtres et sur leur tendance à vouloir s’exprimer de manière créative et intellectuelle — symboliquement à travers l’art et le puissant acte de création musicale collective. L’existence de la flûte dans les archives préhistoriques est la preuve que l’esprit des anciens était réellement capable d’un niveau élevé de pensée et d’expression et cherchait à explorer cette compétence. Ces personnes n’étaient pas intellectuellement oisives.

L’existence de la flûte dans les archives préhistoriques est la preuve que l’esprit des anciens était réellement capable d’un niveau élevé de pensée et d’expression et cherchait à explorer cette compétence. Ces personnes n’étaient pas intellectuellement oisives.

Grâce au déchiffrage de notre lignée génétique, nous savons maintenant avec certitude que nous sommes tous les descendants des mêmes personnes qui, il y a environ 65 000 ans, ont allumé une étincelle historique lorsqu’elles ont commencé leur voyage hors d’Afrique. Au cours de milliers de générations, ces ancêtres communs se sont installés dans les régions les plus reculées du monde, apportant avec eux les traits d’intelligence et de créativité qui nous définissent en tant qu’êtres humains depuis des millénaires. Leur histoire n’a jamais cessé. Elle vit à travers vous et moi tous les jours, car nous sommes leurs enfants.

Pourquoi tout cela est-il important ? Parce que cela nous aide à répondre à la question de savoir quand la capacité de pensée intellectuelle et de créativité est apparue, et nous aide ainsi à surmonter le défi de la vanité culturelle qui existe en Occident et qui veut que nous représentions d’une manière ou d’une autre, le summum de la réussite humaine. Le problème, bien sûr, est que nous avons tendance à utiliser les critères de notre propre culture pour mesurer tous les autres — en comparant, par exemple, notre propre progrès technologique pour déterminer si une autre société a réussi à devenir « complétement humaine », ce que nous jugeons être devenu. C’est de la folie. Si nous pouvons accepter que toutes les personnes partagent la même lignée génétique, nous devons également accepter de partager la même capacité de pensée intellectuelle, de créativité et d’innovation. Comment un peuple exprime ce potentiel est simplement une question de choix. Ce qui résulte de ces choix est la culture.

Les artefacts découverts dans la grotte Hohle Fels, datant d’environ 40 000 ans, révèlent que cette capacité existait déjà chez nos ancêtres communs, et probablement très longtemps auparavant. La myriade de cultures qui ont fleuri dans le monde depuis cette époque ont trouvé des moyens infiniment divers pour exprimer cette même capacité, par leur éclat et leurs réalisations uniques, sur leurs propres terres et à leur propre époque. Mais en Occident, notre définition de l’avancement d’une civilisation, limitée à celle du progrès, nous a trop souvent aveuglés pour le reconnaître. Le résultat de cette vision à court terme, c’est que nous avons infligé des souffrances sans fin aux peuples autochtones du monde, les véritables natifs de cette planète.

Quelle leçon pouvons-nous tirer de tout cela pour nous guider lorsque nous gravons notre place dans le continuum de l’histoire humaine ? C’est peut-être que, malgré l’incroyable diversité de pensées et d’expressions existant dans le monde entier, nous les êtres humains, sommes plus semblables que nous ne sommes différents. Le domaine de la génétique nous a montré que l’ADN de tous les êtres humains en vie aujourd’hui est semblable à 99,9%, annulant ainsi la notion de race qui nous divise depuis si longtemps. De plus, les découvertes effectuées le long du corridor de migration du Danube montrent que la capacité intellectuelle et créative nécessaire pour la création de cultures diverses a toujours fait partie de ce que signifie être humain. Ces marques vénérables de l’expérience humaine sont un héritage qu’il convient de célébrer et de soutenir, peu importe l’endroit où elles se trouvent — car nous ne sommes qu’une famille.

Dave Kobrenski
9 janvier 2019