Il fait noir dehors. À l’extérieur de ma maison, je suis assis sous les dernières étoiles du petit matin. La lune s’est déjà couchée, mais le soleil ne s’est pas encore levé. Au-dessus de moi, la Voie lactée se donne en spectacle dans le ciel sombre. J’entends chanter les grillons et les cigales ; leurs chansons marquent le sommet de l’été.

C’est presque l’aube, et je viens de sortir du lit. Autour du lac résonnent les mélodies mystiques des huards. Bien que la matinée soit à peine commencée, un flot de pensées défilent déjà dans ma tête : je les chasse, pour le moment.

Je veux bien me souvenir du rêve qui m’a traversé l’esprit juste avant de me lever. Sur l’écran intérieur de mon esprit, je rejoue le film du songe, avec ses images à la fois étranges et familières. J’ai beau essayer de saisir sa signification, elle m’échappe, bien que ce soit un beau rêve qui avait lieu dans un paysage doux et éclatant, un endroit méconnu qui me laisse un sentiment nostalgique. Peu à peu, les images du rêve se mettent à s’effacer. Seuls resteront les sentiments.

Tout à coup, je prends conscience à nouveau des sonorités des grillons. Pour aucune raison en particulier, j’ai envie de jeter un coup d’œil à mon téléphone. Je m’arrête. Il est 4 h 30 du matin, qu’est-ce que j’y trouverais qui est important à cette heure-là de toute façon ? Rien du tout. C’était un coup de tête, une impulsion seulement, l’une de plusieurs qui m’arriveront au fil de la journée. Je suis humain, après tout…

Je me décide à méditer, même si c’est juste pour 10 minutes. Comme d’habitude, c’est un défi au début. Mais enfin, au fur et à mesure que le soleil se met à se lever, la mer des pensées agitées dans mon esprit se calme. Pour un moment bref, elle devient un lac placide. Mais pas pour longtemps.

Quelques minutes plus tard, me voilà à la cuisine. Mes chats miaulent pour que je les nourrisse. J’attends avec grande impatience que le café soit prêt. En attendant, je remarque que l’un des chats grossit ; je me demande s’il est en surpoids. De toute façon, ils sont trop mignons. Je me rappelle que j’ai oublié d’envoyer un courriel important hier. Je le note, et la pensée disparaît aussi vite qu’elle est venue. Je me mets à réfléchir au dessin que j’ai entrepris la veille. Est-il bon ? Les pensées tournent en boucle. Je soupire. Voilà mon propre « courant de conscience ». Il me faudrait peut-être refaire de la méditation !

Dehors, le ciel se colore de nuances de rouges et d’oranges. Je jette un coup d’œil par la fenêtre au lac derrière la maison ; le vent n’a pas encore commencé à souffler et la surface du lac est ainsi calme et lisse. Je devrais faire du paddle ce matin, je me dis, le café en main enfin. Il est encore tôt ; puisque j’ai du temps, je pourrais aller sur l’une des petites îles, et je pourrais apporter le nouveau livre que je meurs d’envie de lire… oui, cela serait splendide.

En revanche, je sais bien que j’aurai un emploi du temps bien chargé aujourd’hui, avec plein de travail à faire. Mais comme souvent, je négocierai avec moi-même : allez, c’est l’été, il fait doux, la vie est courte, et d’ailleurs, tu as besoin d’exercice — particulièrement après avoir bu ces deux bières hier soir avec tes amis ! Les deux voix se battent dans ma tête. La dispute sera courte. Il me faudra bosser dur plus tard… car le lac m’appelle maintenant.

Une heure plus tard, je me retrouve au milieu du lac sur ma planche à bras. Au-dessus, le ciel du matin est bleu et dégagé. Les rayons du soleil me réchauffent agréablement. Au moment où je parviens sur l’île, j’éprouve profondément de la gratitude. J’ai de la chance d’être là, et je le sais. Quelques moments après, je plonge sous la surface de l’eau, les yeux fermés. Je me rappelle qu’il est important de conserver l’équilibre entre le travail et la santé, les responsabilités et les joies. Personne ne se dit jamais, sur son lit de mort, qu’il aurait mieux fait de passer plus de temps au travail !

Quand je rentre à la maison, je suis fourbu par cette excursion, mais c’est encore le matin. Je me sens bien. Je suis en bonne santé, et je suis heureux. Mon esprit semble plus clair qu’avant.

Je me balade au bord du lac, vers la maison. Ma petite ville commence à peine à s’éveiller. Je me rends compte que j’ai tout mon temps aujourd’hui, pour finir mon travail, et bien plus encore. Tout à coup, j’ai hâte de commencer : dès que je finirai mes projets du travail, je serai libre d’explorer de nouvelles idées, de lire, de m’entraîner à l’art. Chaque jour, je peux faire un petit progrès. Cela me rend heureux.

Plus tard. La journée a filé en un rien du temps. Je me retrouve encore une fois sous les étoiles. Je suis crevé, mais satisfait. L’heure à laquelle j’aurais dû aller au lit est déjà passée, mais un flot de pensées et d’idées défilent et dansent toujours dans mon esprit. Je suis prêt à dormir ; mon corps est fatigué, mais l’esprit ne se repose jamais : je me demande quels rêves me viendront en dormant. Un tout autre monde m’attend de l’autre côté de l’éveil, où danseront les événements de ma journée avec toutes mes espérances, mes craintes, mes désirs, et mes amours. J’adore cette danse, bien que j’en ignore parfois les pas. Peu à peu, j’arriverai à les apprendre.

Le lendemain, au petit matin, cette danse commencera à nouveau.

Dave Kobrenski
vendredi 25 août